La Vie d'Oyasama selon la vision du temps moderne

IV, Depuis qu’Oyasama commença à écrire l’Ofudesaki

6. Naissance de Tamaé (La Vie d’Oyasama, Chapitre VI, p.85-88)
Le 5 février 1877 naquit la première fille du couple légitime Shuji et Matsue, petit-enfant d’Oyasama. Nommée Tamae, elle deviendra la femme du premier Shimbashira.

Comme je l’ai déjà évoqué, une âme est transmissible d’une vie à l’autre et il y en a qui sont prédestinées pour occuper une fonction bien précise (Bulletin Tenrikyo, No.111, le 26 mai 2018). En effet, Tamae hérite l’âme d’Oshu, fille illégitime du fils d’Oyasama. Etant prédestinée à jouer au rôle de Kumoyomi-no-mikoto (à l’est au Service), cette âme fut transmise au corps de Tamae, légitime, six ans plus tard que la mort d’Oshu, illégitime. A propos d’Oshu, on trouve les versets suivants, écrits en 1869 :

Vous voulez former cette enfant encore deux, trois ans,
mais elle n'est plus dans les mains de Dieu.

Sachez-le: malgré tout l'amour des parents,
si Dieu ne l'a plus dans ses mains, il n'y a rien à faire.

Comme ce monde est rempli de mal,
ne vous laissez pas prendre par ce qui pousse au mal! (Ofudesaki, I, 60-62)

Ces versets étaient une prédiction de sa mort. En réalité, elle mourut peu de temps après. Selon Yoshinaru Ueda, Dieu eut une idée de la faire renaître chez la femme légitime Matsue. Toujours avec Ueda, le mal ici veut dire une relation charnelle qui se noue en dehors d’une union légitime. (Ueda, p.21)
Et en 1874,

Que cet être, cueilli il y a quatre ans,
Dieu le serre contre lui, voilà une preuve.

Dieu est prêt en vérité à le faire revenir au plus tôt.
Là est sa plus grande impatience. (Ofudesaki, III, 109-110)

L’ « être cueilli », en allusion à la disparition d’Oshu, laisserait entendre que Dieu la fît disparaitre. Et son retour chez Oyasama est attendu.
Ensuite au sujet de la naissance de Tamae, en 1875 :

Qu'est-ce que les miens attendent donc
de la grossesse de cette fois?

Qu'ils n'y voient surtout pas quelque chose d'ordinaire!
Cela entre dans le profond dessein de Tsukihi.

A l'origine de cela, l'être que j'ai cueilli il y a six ans,
le quinzième jour du troisième mois.

Depuis, Tsukihi le serrait fort contre lui...
Il veut le faire voir sans plus tarder. (Ofudesaki, VII, 65-68)

Vous vous demandez ce que je veux dire là?
Evénement principal du Commencement de ce monde! (Ofudesaki, VII, 70)

Si vous désirez voir bientôt celle qui a nom Tamae,
apprenez impeccablement les gestes que Tsukihi enseigne!

Si vous croyez sincèrement en mes paroles,
mettez-vous vite à l'œuvre, la fermeté au cœur! (Ofudesaki, VII, 72-73)

Avec les mots comme « commencement de ce monde » « gestes que Tsukihi enseigne », nous pouvons comprendre qu’Oyagami parle finalement du Service à travers la naissance de Tamae. Effectivement, en cette année de 1875, Oyasama ajouta le dernier chant du Service et il est désormais complet.

Pour résumer cette histoire, il est parfois enseigné ainsi : Oyagami récupéra l’âme de l’enfant illégitime afin de faire revenir chez le couple marié car la légitimité conjugale fut préférée à la Résidence.

Cependant, le deuxième Shimbashira dont les interprétations restent encore nos références, émit un doute. Selon lui, Oyasama ne prêta aucune importance pour des enfants héritiers ou la tradition de famille légitime mais c’est plutôt la question de l’âme qui la préoccupa. En le prenant en considération, je pourrais dire qu’Oyasama aurait bien pu garder Oshu pour la charger d’un rôle au Service. Sinon, il est difficile de comprendre pourquoi l’âme en question fut donnée au départ à une fille illégitime. Ainsi, les expressions « l’être que j’ai cueilli » « le serrer contre lui (Dieu) » pourraient signifier qu’Oyagami accueilli et garde l’âme d’un être disparu pour la faire revenir à l’endroit qui lui est approprié. Il ne contrôle pas la vie ou la mort à son gré même s’il en voit le sort mais une fois la vie éteinte, son âme est gardée chez lui et envoyée à nouveau sur cette Terre par lui. Je crois bien qu’aucun homme ne soit privé de vie par la seule volonté d’Oyagami.

Quelle que soient les conditions de naissance, tous les êtres humains peuvent participer au même niveau avec des rôles différents à l’édification d’un monde de joie. Nous devons être prudents pour interpréter cette histoire de la transmission de l’âme.

Référence
Yamochi Tatsuzo, 『教祖伝入門十講』 Dix discours d’initiation sur la Vie d’Oyasama, Doyusha, 1984, pp.316-319.
Nakayama Shozen, 『第十六回教義講習会第一次講習録抜粋』Extraits des cours du premier niveau pour le XVIe stage sur la Doctrine, pp.284-286.
Yoshinaru UEDA, 『おふでさき講義』Cours de l’Ofudesaki, Doyusha, 1989, pp.1-26, 86 et 228-259.
『おふでさき注釈』Annotations de l’Ofudesaki, Eglise mère de Tenrikyô, 1995, pp.10-17 et 123-124.

(voir l'article publié en août 2020 au bulletin trimestriel de Tenrikyô)