La Vie d'Oyasama selon la vision du temps moderne

III, Temple de Tsukihi

11, Izô IBURI (La Vie d’Oyasama, p.31-33)

L’entrée en voie de Tenrikyô d’Izô IBURI (1864) est un événement marquant pour l’histoire de Tenrikyô, puisqu’elle engendra plus tard la construction du Lieu du Service et la naissance du titre de Honseki, transmetteur des paroles d’Oyagami après la disparition physique d’Oyasama. On dit que ce charpentier fut attiré par la volonté divine car Oyasama répétait durant les trois jours précédant la première rencontre qu’« il va venir un charpentier, il va en venir un » et à son arrivée, elle se réjouit en disant « Ah, comme je l’attendais ! ». Du fait qu’elle l’accueillit de la sorte, on peut imaginer que toute l’histoire le concernant était écrite d’avance. Mais la suite des événements n’était pas du tout prévue pour autant.

Au tout début, Izô avait prié Oyasama de sauver sa femme qui ne se relevait toujours pas de ses couches. Sur ce, elle dit comme suit :

Je la sauverai, oui, je la sauverai, mais comme c’est la première fois qu’ils entendent le nom de Tenri-O-no-mikoto, ils auront peut-être du mal à me croire. (La Vie d’Oyasama, p.32.)

Oyasama n’est pas hâtive et n’a pas besoin d’un critère quelconque pour sauver une personne. La guérison n’est ni réalisée en échange de la confiance accordée à Oyasama, ni obligatoirement accompagnée par la croyance en elle. Ses protections sont prodiguées à tout le monde sans aucune condition.

Izô, de retour chez lui après la première consultation avec Oyasama, donna à sa femme de la poudre sacrée préparée à la Résidence. Grâce à cela elle se sentit mieux, si bien qu’il retourna tout de suite à la Résidence en signe de reconnaissance. Alors Kokan, fille cadette d’Oyasama, lui avait prescrit à nouveau de la poudre sacrée qui soulagea une nouvelle fois la malade. Comme quoi il fit trois aller-retours en deux nuits et c’est au bout de trois jours que sa femme put guérir.

Pour quelle raison fut-t-il choisi comme Honseki ? Le deuxième Shimbashira affirme que cela résulte de son travail spirituel reconnu par Oyasama(1). Son interprétation fait penser que le titre de Honseki aurait été attribué à une autre personne si celle-ci aurait fait la même chose plus tôt que lui. Autrement dit, ce sont les œuvres d’Izô dans son quotidien qui furent déterminantes. C’est une des preuves que l’Enseignement de Tenrikyô est loin du fatalisme. Nous ne sommes pas esclaves de nos destins car nos œuvres peuvent changer la vie.

Avant qu’il ne rencontre Oyasama, il était connu dans son village pour son honnêteté et sa générosité. Il faisait non seulement le travail demandé chez ses clients mais aussi les aidait au maximum sans rémunération en dehors de ses heures de travail. Il était aussi quelqu’un de joyeux. En travaillant, il chantait toujours une chanson un peu étrange comme suit : « même le Bouddha perd ses jeux et le 8 avril, il est tout nu ! » A la question de son collègue sur le choix de cette chanson, il répondit que les passants rigolaient du fait qu’elle était drôle. Quand le riz n'était pas assez cuit, il était content en disant qu’il aimait le riz dur et dans le cas contraire, il disait que le riz ramolli était aussi délicieux. Ce faisant, il vivait toujours dans la joie.(2)

Même s’il est compté parmi les premiers fidèles, il n’était pas le plus ancien. Cependant, c’est bien lui qui fut désigné plus tard comme intermédiaire entre Dieu et les hommes malgré l’importance de l’ancienneté dans la tradition japonaise. D’après le deuxième Shimbashira, la question de l’âme prédestinée quant au choix de la personne pour le titre du Honseki ne se pose pas. La différence entre lui et les autres ne se situe pas au niveau de l’ordre d’arrivée ou de la prédestination mais il était le premier croyant à s’être installé à la Résidence (1882). Bien que moins proche que les autres fidèles, Izô était plus régulier et plus attentif à l’égard d’Oyasama.(3) Depuis la guérison de sa femme, quel que soit le temps qu’il fît, il fréquenta la Résidence tous les jours après son travail pendant 18 ans.(4) Nous savons maintenant par la Prescription divine du 25 mai 1901 qu’Oyasama lui avait accordé une confiance totale :

« Pendant cette période, à chaque fin d'année, je me rappelle, il n'y en eut aucun pour venir ici, aucun digne de confiance. Seul le charpentier, au cours de ces neuf ans, fut chargé de tout et sut bien l'accomplir... Nous nous sommes tellement réjouis, tellement réjouis de sa dévotion ! » (Osashizu, le 25 mai 1901.)

En 1864, quand Izô eut l’idée de faire un temple pour Oyagami afin de témoigner de sa gratitude pour la grâce obtenue, les pèlerins furent si nombreux le 26 de chaque mois qu’ils ne pouvaient pas tous entrer dans la petite salle à huit tatamis (environ 13m2) où était posé le gohei, bâton orné de bandelettes de papier. Même le jardin débordait de monde. Oyasama, étant elle-même le Temple de Dieu, déclara donc qu’il n’y avait pas besoin de temple. C’est dans ce contexte que débuta la construction du Lieu du Service.

1 Nakayama Shozen, 『第十六回教義講習会第一次講習録抜粋』Extraits des cours du premier niveau pour le XVIe stage sur la Doctrine, p.170-173.
2 Takano Tomoji, 『先人素描』Esquisses des prédécesseurs, p.18-23.
3 Nakayama Shozen, ibid.
4 Takano, ibid., p.20.

(publié en août 2017 au bulletin trimestriel de Tenrikyô)